Premier jour à l'atelier d'optique
DIMANCHE 30 JANVIER 2011
J'ai passé un super après-midi hier.
Un saut dans le RER B, je m'arrête à Luxembourg et me dirige vers la Sorbonne, en passant devant le Panthéon...
Devant le 14 rue Cujas, une des entrées de la Sorbonne, je retrouve les membres de la SAF, dont certains rencontrés la semaine précédante...
Au bout de quelques minutes, nous partons, accompagnés par un agent de la sécurité (nécessaire en ce moment à cause des travaux de rénovation de la Sorbonne), à l'ascension qui nous conduit à l'observatoire de la Sorbonne, à l'atelier d'optique. 168 marches !
lien vers l'atelier d'optique de la SAF à la Sorbonne
Photo de l'observatoire de la Sorbonne
Une fois en haut, la vue sur Paris est époustouflante.
Panorama de Paris vu depuis la tour d'Astronomie (cliquer sur l'image)
Mais je ne suis pas venue pour cela... Car aujourd'hui, je commence, pour la première fois, la taille d'un miroir de télescope !
En effet, cela fait un moment que j'aimerais passer de ma petite lunette d'ado à un télescope... Et l'idée d'en construire un est assez séduisante !
Cependant c'est une aventure un peu difficile à entreprendre toute seule.
Grâce à un article paru dans Ciel et espace (janvier 2011), j'ai pris connaissance de la SAF, Société Astronomique de France, et de son atelier d'optique.
Mon premier télescope sera donc un Newton, de diamètre 200 mm et d'ouverture 6, ce qui lui fait une focale de 1200 mm.
Le responsable me "donne" donc un beau miroir de pyrex, tout beau, surfaces à priori bien planes, et sans défauts apparents. Il est bien poli, des deux faces, et le chanfrein est fait. Bref, un superbe miroir...
Sauf que pour un télescope, la surface du miroir ne doit pas être plane.
La première étape consiste à donner une forme sphérique à la surface de notre miroir, et après l'avoir re-poli, on finira par lui donner une forme parabolique.
Pour cela, j'ai besoin de ce qu'on appelle un outil. Il est de même diamètre que le miroir et peut être lui aussi en pyrex. Le mien, prêté par l'association, est en verre.
Le principe est simple : entre la surface du miroir et celle de l'outil, on met de l'abrasif (des grains de carborundum) avec un peu d'eau (pour que tout cela se distribue de façon homogène entre les deux surfaces), puis on fait des allées et venues avec l'outil ou le miroir (selon lequel est sur le dessus) pour frotter les surfaces avec l'abrasif...
Sur la photo : l'outil est à gauche, les cercles qu'on observent sont au dos de l'outil et n'ont aucune utilité particulière. A droite, le miroir ! (j'ai pris la photo après avoir dépoli le dos...)
Mais avant même de commencer à creuser la surface du miroir, il faut dépolir le dos.
En effet, des deux côtés, le miroir est poli, et donc assez glissant (car très lisse).
Pour éviter qu'il nous échappe des mains lors des heures de manipulation qui vont suivre, on doit dépolir le dos du miroir (ce serait tout de même bête de le faire tomber et de l'abîmer...).
Je commence donc avec l'aide et les conseils des membres de la SAF qui ont déjà plusieurs tailles de miroirs à leur actif. Pour dépolir le dos, on me conseil l'abrasif 280, qui est constitué de grains pas trop gros, afin que la surface ne soit pas trop grossière (car sinon elle retient plus les saletés...).
Je commence en faisant des allers retour avec l'outil, sur le miroir. Puis on échange les deux rôles, au bout de quelques séchées, pour éviter de creuser le dos : on veut qu'il reste plan.
Mais très vite, je me rend compte d'un petit problème : soit le miroir, soit l'outil, n'est pas totalement plan : une seule partie du miroir est dépolie : une large bande symétrique qui laisse sur deux coté, la surface polie.
J'insiste, mais il devient évident qu'avec ce type d'abrasif, cela me prendra des heures pour rendre le dépoli homogène.
Je passe donc à l'abrasif 120, qui a des grains beaucoup plus grossiers.
La différence est flagrante à l'oreille ! ça gratte dur !!!
Néanmoins, cela me prendra environ trois heures pour finir le dépolissage du dos du miroir, alors que cette étape est sensée ne prendre qu'une dizaine de minutes...
Ce sont les imprévus qui commencent !!!
A la fin de la séance, j'ai les mains rouges et les bras un peu en compote, car mine de rien, au début de la taille d'un miroir, il vaut mieux y mettre toute sa force pour que ça avance : c'est ce que j'ai essayé de faire. Un avantage : cela réchauffe, car la salle n'est pas chauffée... Mais ça fatigue quand même...
Mais comme je ne fais plus de sport en ce moment, au moins j'aurais de sacrés biceps dans quelques mois !!!